Qu’est-ce que l’autopublication ?
Cet article s’adresse à ceux qui ont un projet de livre en tête et qui souhaitent le rendre officiel par leurs propres efforts. C’est ce que j’ai fait avec mon recueil de poésie. Je cherchais une façon de pouvoir expérimenter la publication d’un livre par moi-même afin d’avoir le plaisir de partager mes textes avec les artistes que je côtoie et aux gens autour de moi. C’est pourquoi je me suis tournée vers l’autopublication.
J’ai appris beaucoup de choses durant le processus et j’ai pensé qu’il serait intéressant de vous les partager. Il y a plusieurs personnes autour de moi qui écrivent et qui envisagent un jour de publier leurs écrits. Certaines en font un rêve lointain, tandis que d’autres en sont rendues à l’étape du contact avec les imprimeurs : toutes ont plus ou moins peur devant l’envergure que peut prendre cette entreprise et c’est bien normal. J’étais effrayée moi aussi. Mais lorsqu’on se met à décortiquer le tout en étapes, cette aventure devient un peu moins mystérieuse et l’on se rend compte que cela peut devenir accessible à quiconque souhaite partager ses écrits.
L’autopublication, c’est payer tous les frais pour conserver tous ses droits
Auto-publier son livre, c’est devenir son propre éditeur. C’est donc assumer toutes les étapes suivantes :
- Trouver une personne pour faire la correction linguistique de votre livre et payer ses honoraires;
- Trouver une personne pour faire l’infographie de votre livre et payer ses honoraires;
- Faire une demande pour une séquence de numéros ISBN;
- Contacter un service d’autopublication ou un imprimeur, assurer toutes les communications avec la personne contact, et assumer par la suite tous les frais reliés à l’impression de vos livres;
- Faire les dépôts légaux vous-même;
- Faire votre propre marketing afin de faire connaitre votre livre aux autres;
- Gérer les envois et les frais reliés (frais de poste, enveloppes, etc.) pour vos lecteurs éloignés.
Bref… C’est de la job, mais ça ne doit pas vous décourager. Ça se fait bien!
Alors… Si vous êtes en voie de terminer votre manuscrit, voici sur quoi diriger votre attention :
Pensez aux bêta-lecteurs, puis passez à la révision linguistique
Tout d’abord, vous ne devriez jamais être la seule personne à avoir lu votre texte avant sa publication. Il faudra donc faire lire votre livre à quelques personnes de confiance pour avoir un deuxième avis. Vos lecteurs ont-ils bien compris où vous vouliez les amener? L’histoire leur plait-elle? N’hésitez pas à recueillir leurs commentaires afin de bonifier votre ouvrage. Cela peut prendre plusieurs relectures et plusieurs bêta-lecteurs, mais c’est important.
Par la suite, il sera important de passer par une révision linguistique professionnelle et de ne pas lésiner sur la qualité de celle-ci. Vous pouvez probablement trouver un réviseur linguistique par votre réseau, sinon il tout aussi possible d’en trouver un sur le web. Il s’agit d’une étape importante dans la concrétisation de votre projet littéraire. On finit par connaitre son propre livre au point de ne plus y voir clair! Cela ne concerne pas seulement les fautes d’orthographe, mais aussi la structure et la compréhension du texte. Un deuxième regard est donc requis à cette étape pour donner à votre œuvre la finition professionnelle qu’elle mérite.
Le design graphique sera un aspect important dans le succès de votre livre
Une mise en page professionnelle et une page couverture attirante sont elles aussi indispensables pour votre œuvre. Le meilleur moyen d’inviter les gens à s’intéresser à votre livre – sans même parler de l’histoire à l’intérieur – est de lui faire la plus belle page couverture possible. Je vous invite à faire affaire avec un infographiste, autant pour la page couverture que la mise en page intérieure.
(Sinon, vous pourrez trouver des tutoriels de ce genre sur le web pour vous aider à faire une page intérieure dans Word; il vous restera seulement à faire faire la page couverture par un infographiste par la suite.)
Différentes dimensions de livres sont possibles pour votre ouvrage et il est important d’y penser. Vous pourrez prendre cette décision avec l’infographiste tout en tenant compte de la mise en page intérieure.
Les dimensions les plus courantes des livres sont :
- le format poche (4.25 x 6.87 pouces);
- le format demi-lettre («Digest») (5.5 x 8.5 pouces);
- et le format «US Trade» (6 x 9 pouces).
Pour ce qui est de la couverture, les types de reliure les plus courants pour les ouvrages auto-publiés sont :
- la reliure souple (ou «reliure allemande») pour la majorité des ouvrages;
- la reliure rigide (ou «reliure caisse») qui peut être particulièrement intéressante pour les livres d’art (mais beaucoup plus dispendieuse, autant pour vous que pour vos lecteurs).
Pensez au numéro ISBN
Allez vous chercher une séquence de numéros ISBN pour votre ouvrage environ deux mois avant l’impression. C’est gratuit et ça vous permettra de faire le dépôt légal par la suite. Il vous faudra d’abord vous créer un compte dans l’Extranet des éditeurs de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec pour avoir une première séquence de numéros ISBN. (Vous pourrez consulter ici plus d’informations sur le IBSN).
Vous pourrez faire le dépôt légal de votre livre avant sa distribution officielle en envoyant (à vos frais) le nombre d’exemplaires demandé pour vos livres, ainsi qu’un formulaire rempli à ces deux endroits :
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec (le formulaire de dépôt sera dans votre compte)
- Bibliothèque et Archives Canada
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Choisir où vous ferez imprimer votre livre
Le choix de l’endroit où vous ferez publier votre livre est important. Personnellement, le concept de l’autopublication me rassure : je paye tout, mais je conserve tout. Aucun cassage de tête. Je souhaitais faire affaire avec une entreprise où il n’y aurait pas de contrat. Je voulais m’éviter de mauvaises surprises, comme perdre mes droits sur mes textes à cause d’une clause obscure ou cachée.
Pour ma part, j’ai fait affaire avec un service d’autopublication clé en main : j’ai demandé une soumission pour un nombre précis de livres; on m’a fait une facture; j’ai payé cette facture et j’ai reçu mes livres par la suite. Je suis enchantée du résultat. Les livres sont beaux et bien imprimés, la qualité est professionnelle et le processus a été très rapide.
On peut aussi faire directement affaire avec une imprimerie qui possède l’équipement pour faire la reliure de livres (reliure souple la plupart du temps). Il faut seulement bien se renseigner avant, car il n’y est pas toujours possible d’y faire imprimer certaines quantités de livres (très petits tirages, par exemple).
Savoir quelle quantité de livres imprimer pour une première impression
Il peut être difficile de vendre un livre auto-publié en dehors du cercle de nos connaissances. Je recommanderais donc d’en faire imprimer une petite quantité pour commencer, voire 50 ou moins, si vous êtes du genre introverti comme moi.
Voici une piste de réflexion pour calculer le nombre de livres dont vous aurez besoin. Comptez d’abord en mettre cinq de côté au départ : vous aurez besoin de trois ou quatre exemplaires pour vos dépôts légaux (selon le nombre d’exemplaires imprimés au final), et vous pourrez mettre de côté une ou deux copies que vous garderez en souvenir. Par la suite, au delà de ces cinq exemplaires, faites un petit sondage dans votre entourage pour savoir qui serait intéressé à vous acheter un livre si vous publiez le vôtre. À ce chiffre, rajoutez une dizaine ou une quinzaine de copies de plus pour ceux qui ne se sont pas encore manifestés et les gens que vous croiserez plus tard. Je crois que de cette façon, on puisse avoir un nombre décent – et prudent – pour une première impression. (Les services d’autopublication permettent souvent les réimpressions à coup d’une dizaine d’exemplaires à la fois : ça peut être une option intéressante pour ne pas vous retrouver avec des tonnes de livres invendus.)
Ajoutez des livres si vous comptez participer à un salon. (Certains genres de livres se vendront mieux que d’autres, comme la littérature jeunesse; et certains se vendront beaucoup moins bien, comme les autobiographies, qui n’intéresseront souvent que ceux qui vous connaissent. Il faut en être conscient dans ses estimations d’impression.) Si vous êtes bon vendeur et à l’aise dans les bains de foule, les livres risquent de partir plus vite; l’inverse, malheureusement, est aussi vrai. C’est difficile à entendre, mais faut bien se le faire dire de temps en temps…
Si vous souhaitez faire une campagne de marketing agressive pour vendre votre livre, veuillez ne pas tenir compte des nombres modestes que j’ai donnés dans le paragraphe ci-dessus!
Petit détail concernant les taxes (au Québec) sur les livres ayant un numéro ISBN : si vous n’êtes pas travailleur autonome, ou que vous prévoyez faire moins de 30 000$ en tant que travailleur autonome, incluant la vente de vos livres, vous n’avez pas à charger de taxes sur le montant de vos livres. (Dans le cas contraire, il faudra vous inscrire ici.)
Le lancement de livre… Si vous le souhaitez, bien sûr.
Le fait d’organiser un lancement de livre est optionnel, mais si vous souhaitez attirer des lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, il sera nécessaire de passer par cette case. Sachez que tous les mois ne sont pas égaux pour lancer un livre. Ne faites pas comme moi, lancer un livre en novembre, si vous cherchez à rejoindre le monde entier… Vous pouvez fouiller sur le web pour ce genre d’informations et trouver les moments qui sont le plus conseillés pour le sujet de votre livre.
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Le succès en autopublication ne tient pas du conte de fées, mais bien de votre propre volonté
Personne ne fera de marketing pour vous : vous aurez à vendre votre livre vous-même. Personne n’ira contacter les librairies pour y proposer d’y mettre votre livre en consigne : si ça se devient le cas, c’est parce que vous les aurez abordées. Tout repose sur vos épaules. Tout. Et c’est OK. Il faut seulement s’y attendre.
Méfiez-vous des formules magiques et des gens qui disent qu’il est possible d’atteindre, par exemple, le top 100 de livres sur Amazon avec un premier livre auto-publié… C’est impossible. Si vous êtes une personne qui vivez une vie normale et non pas une vie d’influenceur dédiée à votre million de followers, il est improbable que l’on tombe sur votre livre par hasard sur le web, et il est encore plus improbable que l’on veuille dépenser pour encourager un total inconnu. On achètera surtout votre livre pour vous, parce que l’on vous connait d’une manière ou d’une autre, en personne ou sur le web. Alors ne quittez pas votre job tout de suite! «L’Auteur-entrepreneur doit diversifier ses sources de revenus» comme l’explique très bien cet article publié sur le site d’Urbania.
Souvenez-vous que vous ne publiez *pas* un livre pour faire de l’argent.
Vous publiez un livre pour dépenser volontairement votre paye dans un projet personnel qui vous tient à cœur. C’est un loisir comme un autre! Il ne faudra pas vous étonner que le processus entier (infographie, correction linguistique, impression, et matériel pour les envois postaux), puisse facilement revenir à plus de 1000$, 2500$, voire même 5000$. C’est pourquoi il est préférable de vous informer et calculer tous ces prix avant de vous lancer dans ce projet. Le but est de rentrer dans son argent par la suite!
Les frais d’infographie et de révision linguistique resteront fixes peu importe le nombre de livres publiés; c’est sur l’aspect de l’impression que vous dépenserez comme vous le souhaitez. Et en tant qu’éditeur de votre livre, c’est vous qui déciderez de son prix de vente.
Pourquoi écrire, alors?
Si c’est difficile à vendre et s’il est difficile d’en vivre?
Parce que c’est un besoin. Ou un rêve. Et bien souvent, les deux.
Il s’agit d’un art, d’une façon de s’exprimer, de vivre… Et l’autopublication permet à tous ceux qui le désirent de donner une finalité officielle à une œuvre littéraire.
Tant mieux si les gens embarquent dans votre projet et vous demandent des réimpressions! Je vous le souhaite! Mais même si ce n’était pas le cas, un livre auto-publié est toujours un succès en soi. La consécration d’un projet personnel de cette envergure devrait rester votre plus grande source de fierté.
J’invite donc ceux qui souhaitent publier par eux-mêmes à se renseigner sur l’autopublication. Si vous le faites en toute connaissance de cause, ce sera une belle expérience à tenter. Et à partager.
Pour terminer, voici quelques références intéressantes au sujet de l’autopublication :
- Petit guide de l’autoédition au Québec PDF (Québec)
- S’auto-publier au Québec PDF (Québec)
- Guide de l’auto-édition PDF (France)
- Auto-édition : des écrivains témoignent Billet de blog (France)
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* Source des photos : Lisa Fotios (Pexels), Samson Katt (Pexels) & Kate Bezzubets (Unsplash)