
Vivre sa lumière
J’ai fait bien des réalisations ces dernières années : c’est probablement parce que je cherche à comprendre comment j’en suis venue à vivre de la façon que je le fais. Et quand on cherche à découvrir qui l’on est, on ne s’ennuie jamais. D’ailleurs, je suis souvent en réflexion ces temps-ci. Il y a des petits moments de vie qui se rappellent à moi, je ne sais trop pourquoi. Certains plus que d’autres… Et je ne veux pas oublier leurs enseignements. C’est pourquoi je les écris. Les mots furent – et sont encore – les plus proches témoins de mon parcours.
C’est ainsi que je me souviens que j’ai longtemps craint ma propre lumière. J’avoue que je la crains encore toujours un peu. C’est l’habitude… Et je sais que plusieurs craignent la leur aussi. C’est effrayant, ce pouvoir, cette lumière : nous l’imaginons même se jouer de nous… Ce ne sera pourtant jamais le cas. Notre lumière ne veut que notre bien. Car si nous craignons notre propre lumière, nous resterons petits à jamais. Mais si nous l’invitons, nous pouvons devenir tellement, tellement… Et ici, trop souvent, nous nous arrêtons : nous avons parfois même peur d’y mettre un mot. Notre propre lumière nous est intimidante. Elle va souvent bien au delà de ce que l’on nous a appris, et de ce quoi ceux qui nous éduqués étaient capables de voir en nous… De voir pour nous… Notre potentiel véritable.
La peur et un sentiment de culpabilité – entremêlés d’un vague sentiment d’obligation de petitesse quelconque – nous paralysent maintenant à la simple pensée de briller. Briller? Mais qui sommes nous pour seulement oser penser briller?
Lorsque nous nous posons cette question, maintenant adultes, il y a aussi lieu de faire une autre réflexion : apprenons-nous vraiment à devenir de grandes personnes? Nous devenons adultes bien sûr, mais ce n’est qu’une question d’âge, d’une année de plus ou de moins sur le calendrier. Accepter que l’atteinte de notre propre potentiel ne repose que sur nos seules épaules : ça c’est une autre paire de manches. Sur cet aspect, notre lumière nous effraie et non sans raison. Elle est l’inconnu, la perspective de possibilités infinies, tout l’univers comme terrain de jeu. S’accomplir complètement comme être humain : peut-être est-ce cela, réellement vivre sa lumière?
Oui, peut-être. Peut-être est-ce simplement prendre ses responsabilités d’humain. Et ne plus avoir à rejeter sur quelques événements extérieurs la réussite ou l’échec de sa propre vie.
Afin de vivre notre lumière, notre vérité, la réalité des choses implique parfois l’obligation de vivre un peu différemment de nos semblables, de nous en différencier. Ce que redoutons, bien sûr. Mais nous, qui avons appris depuis notre tout jeune âge à nous conformer pour éviter les regards, pouvons-nous vraiment dire que cette attitude nous rend complètement heureux? Il a fort à parier que c’est plutôt la raison précise de notre propre malheur. Nous cherchons à ne pas faire de vagues et préférons ainsi trouver refuge dans le connu, le commun ; mais pourtant, nous désespérons de ne pas y trouver la place que nous rêvons d’occuper. Et c’est bien légitime. Qui étaient les héros de notre enfance? Étaient-ce des gens communs? Des petites gens ordinaires, facilement oubliables? Se poser la question, c’est se souvenir de la direction que nous devons prendre pour vivre le reste de notre vie. Notre cœur d’enfant connaît ce genre de vérité. En tant qu’adulte, notre tâche est maintenant d’honorer le courage que nous avions alors.
En général, je remarque que les gens lisent ou s’informent sur le sujet – parfois toute une vie – sans vraiment s’avancer. Je l’ai longtemps fait aussi. Pourtant, vivre sa lumière, ce n’est que cela : tomber. Faire quelque chose que l’on considère risqué, au risque d’échouer. Vivre sa lumière, c’est tenter quelque chose et ressentir un petit frisson au moment où on le tente. C’est se rapprocher de la belle vision que nous avons de nous. C’est trembler, mais agir quand même.
Et chaque petit pas sur ce chemin se trouve être un obstacle de moins, un petit bout d’horizon de plus, dans ce voyage qu’est notre seule et unique existence. Cela peut être quelque chose de grand.
Ce processus, c’est quelque chose que j’ai amorcé il y a une dizaine d’années. J’y rencontre mes difficultés, comme c’est le cas pour tous ceux qui s’aventurent sur cette route. Nous sommes faillibles et imparfaits, car humains : il faut parfois déceler une peur qui prend des airs de paresse, ou une vive culpabilité qui se voile sous le sens du devoir. Mais au final, chaque petite victoire vaut son pesant d’or.
Un regret de moins demain.